Réflexions
 


Le sous-continent indien

 

Historique
L'inde est l’une des plus ancienne civilisation à  I'instar de la Mésopotamie ou de I'Egypte. Nous trouvons des traces de cette culture aux environs de 4000 avant J.C. dans les sites archéologiques d'Harappa et de Mohenjo‑daro. Ces deux villes dont le déclin a commencé en 2000 avant J.C. ont disparue en 1500 avant J.C. Elles ont été découvertes en 1922 par un archéologue anglais. Les fouilles ont mis a jour une civilisation avancée dans des villes structurées un peu comme nos villes actuelles, immeubles de 2 ou 3 étages, rues perpendiculaires, commerces, tout à I'égout, appartement équipés de salle de bain, cuisine, chambres et patio central pour la vie commune de la famille, puits dans chaque maison pour I'eau individuelle. II semble que cette civilisation était principalement axée sur le commerce, il n'a pas été trouve de traces militaires ni religieuses dans le sens actuel du terme. Les archéologues pensent que c'était une tradition « animiste », « chamanique », dont les pratiques spirituelles et physiques étaient celles du yoga. II s'agirait donc des premiers vestiges de ce dernier. II a été retrouvé des sceaux montrant un yogi en posture du lotus et quelques autres éléments faisant référence au yoga commun aujourd'hui en Inde comme des représentations symboliques de tridents, taureaux ou autres pierres dressées. Ces civilisations possédaient une écriture qui n'a toujours pas été déchiffrée.

Ardha dhanurâsana. C.Tikhomiroff 2008

Aujourd'hui on pense que cette civilisation est le berceau du tantrisme en Inde.

Aujourd’hui on sait que ce n’est pas  l'invasion des ariens vers 1500 ans avant J.C. qui a mis fin à la civilisation des villes de l'Indus. On ne pense même plus que les Ariens venaient du Nord, sans doute étaient-ils depuis toujours originaires de l’Inde. Des études génétiques ont mis en avant qu’il n’y a pas eu de contact entre les habitants de l’Indus et les Ariens. On ne trouve aucun point commun entre ces deux cultures, par même au niveau des langues. La civilisation de l’Indus était déjà, et depuis longtemps, diffusée dans tout le nord de I'Inde et plus spécialement le long de la vallée du Gange.

Les ariens avaient leur culture, leurs écritures et leurs croyances. C'était une culture principalement agricole et socialement structurée par le système des castes. Leurs écritures étaient les Veda et les lois de Manu. Plus tard leurs croyances se sont basées sur la réincarnation et le principe du karma, ensemble qui codifiait la morale sociale et religieuse en même temps. Le système des castes était dirigé par les religieux, les brahmanes, leur nom a donné I'appellation de la religion le brahmanisme qui est devenu aujourd'hui I'hindouisme. Les ariens se sont répandus dans l'ensemble de I'Inde en imposant leurs codes civils et religieux.

Marjariasana. C.Tikhomiroff 2008

Parallèlement I'ancienne civilisation de l'Indus ou du Gange a survécu avec ses contenus métaphysiques (shivaïsme), philosophiques (tantrisme), scriptural (tantra) et techniques (yoga), ceci formant un tout. On parle aujourd'hui principalement de yoga ou de tantrisme, les tantra étant les textes.

Les ariens au fur et à mesure des siècles se sont fondus dans I'ancienne tradition du tantrisme et une sorte de courant mixant les deux civilisations s'est formé qui a donné I'indouisme d'aujourd'hui.

Aux environs de I'an 500 avant J.C. est né le Bouddha puis dans sa suite le Bouddhisme. Le bouddhisme emprunte essentiellement ses fondements techniques et philosophique au tantrisme, on parle d'ailleurs de bouddhisme tantrique.
 

Gokarnasana. C.Tikhomiroff 2008

La civilisation indienne aujourd'hui
L'inde est la dernière civilisation polythéiste encore en fonctionnement, toutes les autres ont depuis longtemps disparues soit à cause de l'usure du temps, soit par les guerres menées par la chrétienté ou I'islam.

Les trois composantes de cette civilisation sont l'indouisme, le tantrisme et le bouddhisme. 

1) L'indouisme.
C'est une culture polythéiste populaire basée sur I'adoration de centaines voire de milliers de dieux et déesses, chacun ayant ou non des temples, beaucoup des ces divinités faisant double ou triple emploi entre elles. Elle est dirigée par les brahmanes et le système des castes qui, bien qu'aboli depuis 50 ans, reste en vigueur dans la coutume. C'est une culture populaire et familiale dans le sens ou les dieux font partie du quotidien des hindous, chaque famille, chaque caste ayant sa ou ses divinités de prédilection, les brahmanes restent de vrais chefs religieux et sociaux. Les textes référents sont les Vedas, les Upanisads et les épopées dont les plus connues sont le Maha baratta et la bagavad gîta. Ces textes ont d'ailleurs inspiré beaucoup d'écrivains européens dont, pour les plus connus, V. Hugo, Goethe, Nitsche, Schopenhauer, Romain Rolland, mais également le père de la psychanalyse S. Freud et son disciple C.G. Jung. Les pratiquants de l'indouisme sont soit le peuple, soit des ascètes errants, soit des ermites. Les dieux sont principalement Vishnou, Krishna, rada, rama, hanuman. Au cours des siècles certains aspects du yoga tantrique ont été incorpores dans I'hindouisme, soit des pratiques corporelles soit méditatives. 

Padmasana. C.Tikhomiroff 2008

2) Le tantrisme et le yoga.
Cette ancienne culture de I'Inde est une méthode individuelle de connaissance de soi et de mise en harmonie avec l'environnement , qu’il s’agisse  des éléments naturels (soleil, lune, vent, terre, etc.) ou des humains. C'est une recherche solitaire de santé, de longévité et de maîtrise personnelle, il y a également un aspect thérapeutique qui a d'ailleurs donne la deuxième grande médecine indienne (après I'ayurveda). Les tantra sont les textes codificateurs de la philosophie et des techniques (yoga). Le yoga tantrique cherche donc à optimiser la concentration, la respiration et l'endurance physique. Dans la culture tantrique la vie de groupe est « prohibée », il n'y a donc pas de monastères, pas de chefs ou de structures, simplement des enseignants ici ou là. Le seul espace ou il existe des pratique de groupe sont les rituels dans lesquels une vingtaine de personnes se retrouvent pour pratiquer ensemble durant 2 a 7 jours autour d'un thème qui peut être autant une recherche d'énergie, de calme, que d'aide aux autres (par exemple aider une personne malade). Ces rituels sont rares et occasionnels, I'essentiel restant I'entraînement seul sur son tapis.

Le yoga tantrique utilise le corps (postures du yoga), la respiration, la concentration, des supports géométrique visuels (yantra), des formules sonores (mantra, en général sans signification et uniquement destinées à aider pour la concentration ou I'énergie), la relaxation. L'éthique tantrique est basée sur la tolérance, la discrimination, le respect et la compassion envers la nature et les autres. L'individu faisant partie d'une globalité, I'harmonie individuelle participe de I'harmonie générale. II n'y a pas de croyances, d'adhésions à des codes religieux, c'est avant tout une recherche de connaissance personnelle libre. II n'y a pas de grades, de hiérarchies, tant au niveau des individus qu'au niveau des techniques. II n'y a que ce que les gens peuvent faire en fonction de leur entraînement personnel. Les pratiquants de ce yoga sont des gens qui ont une vie normale, qui travaillent et vivent en famille comme tout le monde. A I'oppose de la vision caricaturale qu'on en a en occident, le tantrisme n'utilise ni le sexe ni la drogue. Ces deux « ingrédients» sont réserves à des circonstances exceptionnelles et pour les maîtres qui ont atteint le plus haut degré de pratique spirituelle. II n'y a personne qui soit qualifié en Occident et c'est un fait rare en Inde. Si certains textes (tantra) parlent de ces deux «ingrédients» c'est toujours dans un cadre excessivement restrictif. Le tantrisme ne propose aucun régime alimentaire, aucun conseil de vie personnel, aucune restriction personnelle qu'il s'agisse de la sexualité, du mode de vie ou autre. L'ensemble des techniques doit permettre à chacun de trouver le juste milieu et I'harmonie personnelle. Pour le tantrisme la peur de la mort est un fondement de la nature humaine qui entraîne directement ou indirectement l'ensemble des autres peurs et angoisses existentielles, il propose donc une réflexion par la méditation et des techniques de respiration pour ce débarrasser de cette angoisse afin de trouver un équilibre intérieur. Évidemment ce type de techniques n'est proposé qu'a ceux qui font du yoga un outil de recherche et d'évolution personnelle.

Paschimottanasana. C.Tikhomiroff 2008

Le tantrisme part du principe que l'être humain est composé de trois structures interdépendantes, physiologique, énergétique et mentale et les techniques s'adressent aux trois. Les énergies sont personnifiées par des divinités par pur souci de simplification et de commodité. II ne s'agit que de représentation des énergies personnelles et non de croyances en des réalités extérieures à I'instar de I'hindouisme. Les deux cultures étant mélangées il y a parfois des appellations communes sans que pour autant il s'agisse de la même chose.

Le tantrisme n'est pas prosélyte, il y a en Inde des centaines d'écoles différentes.

Le yoga propose en occident est un yoga simplifié, basé essentiellement sur la santé, la détente et la souplesse. C'est une recherche de bien être et de maîtrise émotionnelle afin de vivre I'agitation de la vie avec plus de centre et de recul. Les cours hebdomadaires proposés durent entre une heure et une heure et demi selon les cas. 

3) Le bouddhisme.
Directement issu du tantrisme il s'est structuré selon le modèle des religions classiques bien qu'il ne soit pas religieux dans le sens occidental. Ainsi y a‑t‑il des monastères, des moines, un Dalai Lama etc. II reprend en grande partie le contenu philosophique et technique du tantrisme en y adjoignant une morale qui lui est propre principalement axée sur les notions de bien,

de mal et de réincarnation. C'est en ce sens qu'il a un écho important en occident car il reprend des valeurs religieuses et morales proches de la tradition judéo chrétienne.

On voit donc la complexité de l’univers indien quand il s’agit de spiritualité ou de religion. On comprend mieux pourquoi l’Occident a pu avoir une compréhension erronée de cette tradition, principalement en ce qui concerne le tantrisme.


 

Christian Tikhomiroff

 

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