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Le Banquet de Shiva.

Première édition 2000. Nouvelle édition 2013

 

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   La quête de la connaissance, de l’absolu, de la sagesse passe souvent par un chemin qu’a ouvert, il y a parfois longtemps, un saint, un prophète, un sage. La déclinaison masculine de ces termes pose d’ailleurs question, mais où sont les femmes ? Sans doute la shakti n’a-t-elle pas besoin de méthodes, de cadres pour atteindre l’éveil car elle est l’éveil...

   Au départ ce chemin est une voie individuelle, à l’instar du Bouddha, du Christ, etc. Puis, au fil des années, le Maître a été rejoint par des disciples (encore très masculin tout ça...). Ce chemin que le Maître a ouvert se divise à sa mort souvent en deux ramifications, qui elles-mêmes se diviseront peut-être en d’autres ramifications. Certains disciples vont vouloir se regrouper en confréries et vont créer une religion. D’autres vont vouloir continuer à cheminer tout seuls. Les premiers, vivant en communauté, vont s’organiser à travers une structure, une hiérarchie alors que les derniers essayeront de garder l’enseignement du Maître tel qu’il était de son vivant, celui d’une voie solitaire faite de rencontres et d’enseignements éphémères. Même si cette présentation schématique est forcément réductrice, ainsi se fait la naissance d’une voie spirituelle. Au fur et à mesure des siècles qui passent, l’aspect religieux prend de plus en plus d’importance, de force, de notoriété alors que l’aspect voie individuelle a tendance à entrer dans la « clandestinité », d’une part pour respecter la forme et le contenu initial du Maître et, d’autre part, par nécessité car l’aspect religieux de ce chemin, au départ commun, a été gagné par l’ivresse du pouvoir et l’intolérance face à tout ce qui, et tous ceux et celles qui pourraient mettre en péril son autorité. Par le biais des déformations égotiques des disciples, c’est ainsi qu’une voie créée par un Maître qui était indépendant de dogmes, de croyances est devenue une religion, et c’est ainsi que se forme le traditionalisme.

   En inde, comme ailleurs, il ne faut pas confondre dans une voie spirituelle le plan religieux et la voie individuelle. Dans la réalité des faits, de l’expérience, ces deux aspects coexistent difficilement car la religion demande de se conformer à des règlements,  à des codes, à l’exécution de rites, au port d’uniformes, à la vie collective alors que la voie individuelle est juste le contraire de cela. L’aspect religieux est impliqué dans des rouages sociaux, économiques, politiques, ritualistes, ce qui est inévitable dans un processus communautaire. Les religions incarnent le traditionalisme. La voie individuelle incarne la quête solitaire dans tout son dépouillement. Mais pas plus l’une que l’autre ne sont détentrices de la vérité, c’est juste deux chemins après une bifurcation... Ces deux chemins gardent souvent un point commun : les textes de sagesse écrits par le Maître lui-même ou ses très proches disciples contemporains. Ainsi les enseignements d’un Maître peuvent-ils être religieux et non religieux. Les religions exigent adhésion et obéissance, les voies individuelles demandent indépendance et rébellion. Cette « histoire générale des religions » est aussi celle du nâtha-yoga.

   Le nâtha-yoga est la forme la plus ancienne du yoga pratiqué en occident à savoir le hatha-yoga, composé de postures, de respirations, de gestes, de mantra, de concentration et de méditation ayant principalement comme objet la structure énergétique. Les textes qui le codifient sont clairs et unanimes sur ce point.

   La légende prétend qu’il a été initié il y a des milliers d’années par le Maître Adinâth et que, de Maîtres en disciples, il s’est transmis jusqu’à Matsyendranâth et Gorakshanâth qui ont codifié ses pratiques dans le premiers textes nâtha aux alentours du Xe siècle. Mais comme d’habitude en Inde l’historicité est assez aléatoire.

   C’est principalement à partir de Gorakshanâth que ce yoga a commencé à se développer. Et c’est plus tard que la division dont nous parlions précédemment s’est opérée.

   Ainsi une partie du nâtha-yoga est-elle restée quelque peu clandestine au niveau des Maîtres qui l’enseignaient, chacun d’entre eux ayant sa propre «école» et quelques disciples dont certains pouvaient avoir la charge d’enseigner, de diffuser les techniques de base à des «étudiants lambda» en yoga. Ceux-ci n’étant pas des Maîtres ne pouvaient initier des disciples, car dans tous les cas dans les voies individuelles l’initiation n’est que la prérogative du Maître de l’"école".  Ceci a créé une autre catégorie de pratiquants du nâtha-yoga ; ceux qui ne sont ni Maître ni disciple, c'est-à-dire des gens "normaux" qui recherchent santé, longévité et qui, selon le cas, entreront plus tard dans une quête spirituelle. Cette catégorie est la plus importante aujourd’hui. Dans cette voie individuelle, Maîtres, disciples ou juste «étudiants lambda» vivent normalement dans le monde, travaillent, sont mariés et ont des enfants, ou pas. Notons aussi qu’il ya autant d’hommes que de femmes.

   Une autre partie du nâtha-yoga s’est développée au grand jour, s’est structurée pour former une religion traditionaliste autour de temples, de monastères. Cette branche se nomme nâtha sampradayâ, elle est composée de douze écoles (chemins) reconnues par la hiérarchie. Ces nâtha sont des religieux, portant le plus souvent la robe orange et ce qui va avec...

   Au niveau des pratiques journalières le nâtha sampradayâ est surtout investit dans les rituels, la dévotion, les pratiques religieuses liées à l’organisation des temples, des monastères et à la propagation des enseignements alors que les nâtha-yogin de la voie individuelle essayent surtout d’entretenir leur corps pour vivre longtemps et d’éveiller leur énergie, nommée kundalinî, par les postures, les respirations, etc.

   Le «Banquet de Shiva» présente une école de la voie individuelle, celle du Maître Icchanâtha qui vécu le siècle dernier à Bénarès. Il n’y est pas fait allusion à la branche religieuse parce que d’une part pour parler de quelque chose faut-il bien connaître ce dont on parle et parce que, d’autre part, ces deux voies cousines n’ont aujourd’hui plus grand chose en commun.

   La religion nâtha sampradayâ s’est fondue dans la tradition hindoue, est devenue une voie traditionnelle, alors que la voie individuelle est restée surtout tantrique, donc rebelle à l’oligarchie officielle.

   La nouvelle édition du Banquet de Shiva a été revue, corrigée et augmentée de photos dans les chapitres postures, prânâyâma, mudrâ. De nouvelles techniques sont également décrites : 5 prânâyâma, 11 mudrâ et 6 concentrations supplémentaires.

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