Shiva-prâna-mudrâ
Cette technique, assez peu connue, fait partie des grands gestes pratiqués chez les natha-yogi. Comme tous les mudrâ, l’objectif de Shiva-prâna-mudrâ est l’éveil de l’énergie, et plus particulièrement celle contenue dans mûlâdhâra et svâdisthana chakra. Elle tend également à condenser l’énergie autour de la sushumnâ (la colonne vertébrale) afin de mettre en vibration cette voie royale. Elle produit aussi un isolement sensoriel propice à la concentration. Il faut déjà posséder une pratique correcte du prânâyâma pour en tirer le meilleur profit. Au niveau des avantages physiologiques que l'on peut
espérer, notons une stimulation du système nerveux et immunitaire
ainsi qu'une qualité d'intériorité et de concentration. La répétitivité de
ce geste, même s'il ne produit pas le mythique éveil de la kundalini, assure
une augmentation de l'énergie personnelle tout autant propice à la vie
quotidienne qu'à la pratique spirituelle. L'intériorisation des souffles
et les rétentions à poumons pleins attisent l'aspect vibratoire de la
respiration favorisant ainsi l'alchimie du souffle grossier vers le
souffle subtil. Quand le souffle s'est subtilisé c'est que l'énergie est
puissamment entrée en action. Technique Positionnement des mains: enfoncer les pouces sous la mâchoire, dans le creux, pour trouver l’endroit où ça bloque la respiration et produit une sensation d'aspiration dans le ventre et le bas ventre. Maintenir une légère pression vers le haut tout en serrant les pouces vers l’intérieur. Boucher les oreilles avec les index. Appuyer les majeurs sur les tempes en sentant une énergie qui passe entre eux, les annulaires sur les yeux et les auriculaires à la base des narines afin d'obstruer le passage de l'air. La respiration: elle est exclusivement
abdominale. Fixation oculaire: les yeux sont fermés (et pour cause...) le regard reste en permanence en shambavîmudrâ (convergeant sur un point haut dans le front, comme pour regarder à l'intérieur de la tête). Visualisations: on visualise un visarga noir (un point noir) externe d'où partira et où reviendra le souffle situé en face de la bouche, à quelques centimètres. On visualise également une partie de mûlâdhâra chakra: le carré jaune, le shivalinga noir entouré du serpent, le triangle rouge de la shakti, ainsi que sushumna comme un passage noir et ajnâ chakra. Contractions particulière: mulabandha est puissamment serré et ashvinimudrâ se surimpose selon les mantra. Déroulement: inspirer l'air par la
bouche du point externe en le faisant descendre par la sushumna (colonne
vertébrale) jusqu'à mûlâdhâra et pénétrer dans le shivalinga noir. Faire
une rétention à poumons pleins concentré sur le shivalinga noir tout en
barattant l'énergie avec le mantra "KHA" émis mentalement en séquence
(environ toutes les secondes et demi) associé à ashvinîmudrâ. Le mantra et
la contraction doivent "frapper" le linga pour éveiller l'énergie. La
rétention dure le plus longtemps possible. La concentration est liée au noir: noir le point externe, noir l'intérieur de la sushumna et noir le shivalinga. D'autres couleurs peuvent bien sûr apparaître, il faut laisser faire, elles mettent en relief le noir. Durée: au moins dix à quinze minutes pour commencer à ressentir quelque chose. La bonne dose est un ghatika, c'est à dire entre 25 et 30 minutes. Pour obtenir quelques résultats il faut faire ce geste très régulièrement durant quelques semaines. Christian Tikhomiroff
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