Caturangadandasana, les guettuers
La posture des 4 membres tendus comme un bâton (autrement nommé la posture des guetteurs).
Caturangadandasana est une série de 6 postures qui s’accomplissent, en général, les unes à la suite des autres. C’est une série de puissance et d’endurance, deux qualités qu’elle va développer tant au plan physique qu’au plan mental. Nous allons ici décrire les cinq premières.
Sur le plan physiologique elle affermie la musculature de la colonne vertébrale et toute la sangle abdominale. Elle est réparatrice de certains maux de dos chroniques et préventive de l’ensemble des pathologies ostéo-articulaires. Ses effets sur le cœur sont notables, elle lui permet un entraînement tonique, le régule et ralenti son rythme moyen. Elle stimule le système immunitaire et développe une bonne puissance pulmonaire, apprenant à faire travailler le diaphragme dans une attitude et des conditions qui le bloquerait sans l’installation d’une respiration rythmée.
Elle ne présente pas de contre-indication spéciale, sauf celles qui tombent sous le sens comme des problèmes cardiaques et de colonne vertébrale notoires. La « contre indication » la plus importante est la difficulté à l’accomplir qui en rebute plus d’un ou d’une…
Sur le plan énergétique elle met en vibration la sushumna parce qu’elle « court-circuite » le passage de l’énergie dans les canaux latéraux, ida (le souffle de la narine gauche) et pingala (le souffle de la narine droite). Pour s’en rendre compte il suffit d’observer le passage de l’air dans ces deux narines qui est parfaitement équilibré à la fin de la série. Elle stimule également les point du feu, l’anus, le ventre, la colonne et les yeux, stabilisant ainsi l’énergie directement en rapport avec le mental.
Sur le plan mental elle est une école de stabilité et de dépassement. En effet elle met l’individu en position d’éprouver rapidement (même pas quelques minutes) ses limites physiques. C’est ici qu’on se rencontre qu’on lâche la posture avant que cette limite physique soit atteinte, le mental abandonne avant le physique, révélant ainsi la faiblesse de la concentration et de la stabilité mentale. Idéalement on devrait pouvoir tenir mentalement plus longtemps que physiquement, on devrait constater d’un seul coup que le corps s’est effondré alors que l’attitude mentale est restée stable et sereine, ce qui rarement le cas car nous avons une tendance marquée à lâcher mentalement avant que la limite physique ne soit atteinte.
Déroulement
ll convient d’installer un souffle rythmé au moins un temps
d’inspiration et deux temps d’expiration. Dès que c’est possible il est
bien d’inclure une rétention les poumons pleins ou les poumons vides. La
visualisation du souffle et de l’énergie se fait soit dans l’axe, soit
dan le ventre. Il faut mettre en place mulabandha, la contraction de
l’anus et kecharimudra, le retournement de la langue. Du début à la fin
il faut garder les yeux ouverts et fixer un point horizontal face à soi.
Première position
Allongé à plat ventre, joindre les coudes, les avants bras et les paumes
des mains. Sur une expiration lever les genoux, le ventre et la
poitrine. Tenir plusieurs souffles. Poser en expirant.
Deuxième position
Plier les bras, les coudes dans l’alignement des épaules, les avant bras
sous les bras, le bout des majeurs qui se touchent. Sur une expiration
lever les genoux, le ventre et la poitrine et les bras tout en laissant
les avants bras au sol. Tenir plusieurs souffles. Poser en expirant.
Troisième position
Appuyer les paumes de mains au sol, doigts dirigés vers l’avant, coudes
dans l’alignement des épaules, avant bras perpendiculaires au sol. Sur
une expiration lever les genoux, le ventre et la poitrine jusqu’à ce que
les épaules et les coudes soient sur la même ligne. Tenir plusieurs
souffles. Poser en expirant.
Quatrième position.
Mettre les bras « en chandelier », les coudes dans l’alignement des
épaules et les avant bras perpendiculaires avec les bras. Sur une
expiration lever les genoux, le ventre et la poitrine et les bras tout
en laissant les avants bras au sol. Tenir plusieurs souffles. Poser en
expirant.
Cinquième position
Porter les mains aux hanches. En expirant lever les genoux, les cuisse,
le ventre, la poitrine et très lentement tendre les bras. Rester dans
cette position, faire au moins cinq souffles. En expirant faire tout à
l’inverse, fléchir très lentement les bras, appuyer la poitrine, le
ventre, les cuisses puis le genoux.
Observez en appuyant le front sur les poings, les yeux fermés. Savourez !
Christian Tikhomiroff