Halâsana : la posture de la charrue
La charrue est universellement considérée comme un symbole de fertilisation. Le soc s’apparente au linga, à l’organe phallique qui pénètre la terre et ouvre le sillon, lequel correspond à l’organe féminin.
Passer la charrue, c’est unir les principes mâle et femelle qui permettent de semer et de récolter, à terme, la moisson.
En prenant la posture de la charrue, c’est symboliquement que l’on va ensemencer pour l’avenir en activant les énergies qui oeuvrent dans le domaine de la santé.
Halâsana ne fait pas partie des postures majeures et de ce fait elle n’est pas décrite dans les textes traditionnels, cependant la pratique régulière de cet asana a des effets bénéfiques essentiels tant sur le plan physiologique qu’énergétique.
Prendre la posture
Allonger sur le dos, réduire la cambrure lombaire en basculant le
bassin et en plaquant le bas du dos au tapis. Rentrer le menton pour bien
étirer la nuque. Les jambes sont allongées et les pieds joints. Les bras
sont placés le long du corps, paumes de mains au tapis. Faire trois
respirations dans cette position, en étirant le souffle.
Sur une expiration, soulever les jambes tendues pour les porter à la verticale, puis derrière la tête en enroulant la colonne vertébrale. Le mouvement est lent, progressif et parfaitement synchronisé avec l’expiration. Laisser descendre les pieds au tapis et ramener les orteils vers soi pour exercer une forte poussée afin de maintenir les jambes bien tendues. Entrelacer les doigts des mains et orienter les paumes vers le ciel.
L’étirement est ainsi à son maximum sur toute la face postérieure du corps, des talons à la nuque. De nombreuses variantes existent concernant le positionnement des bras. Il est également possible de prendre la posture en partant jambes pliées.
Respiration dans la posture
- 1er niveau : régler la respiration sur le
rythme un temps d’inspiration et deux temps d’expiration en
commençant par 4s d’inspiration et 8s d’expiration. Employer ujjâyin,
le souffle sonore qui est produit par le frottement de l’air dans la
gorge.
- 2ème niveau : introduire une rétention à
poumons pleins ou à poumons vides dont le temps, au départ sera fonction
des possibilités de chacun pour ensuite arriver à 4 fois la valeur de l’inspiration.
On est alors sur un rythme 1/4/2 en commençant par 4s/16s/8s ou un rythme
1/2/4 soit 4s/8s/16s.
Le souffle doit être régulier avec un ujjâyin de plus en plus subtil afin d’intérioriser la respiration.
Techniques associées à la posture
- Mûlabandha, la contraction du sphincter de l’anus.
- Jihvâ bandha, allonger la langue contre le palais, la pointe à la
racine des incisives ou khecari mudrâ, retourner la langue de façon à
appuyer la pointe sur la partie molle du palais.
- Jâlandhara bandha, la contraction de la gorge.
- Bhrûmadhya drishti, la fixation oculaire du point intersourcillier.
Concentration pendant la posture
Selon les capacités de chacun, différentes visualisations
peuvent être mises en place :
- 1er niveau : suivre le trajet du souffle le long
de l’axe vertébral ; le souffle monte sur l’inspiration avec le
mantra SO, du centre d’énergie de la base ( mûlâdhâra chakra) au
centre d’énergie du front ( âjnâ chakra) et descend sur l’expiration
avec la mantra HAM.
- 2ème niveau : visualiser l’expansion et la
rétraction du centre d’énergie de la gorge
sur l’inspiration expansion du centre avec le mantra HAM et rétraction sur l’expiration avec le mantra SA. Pendant les rétentions à poumons pleins ou à poumons vides, on reste centré sur le cakra de la gorge avec le bîja-mantra HAM
- 3ème niveau : faire circuler le souffle entre un point externe et un point interne ; à l’inspiration visualiser le souffle qui part d’un point situé en face de la gorge avec le mantra HAM, qui passe par les narines et âjnâ chakra pour descendre vers vishuddha chakra, à l’expiration suivre le trajet inverse avec le mantra SA.
Pour aller un peu plus loin, il est possible de visualiser le centre d’énergie de la gorge comme une roue avec 16 pétales ou 16 quartiers et de travailler les rythmes 1/4/2 (4s/16s/8s) ou 1/2/4 (4s/8s/16s) avec le bija HAM et ashvinî mudrâ sur chaque temps.
Pour les 4s d’inspiration, compter par quart soit ¼ de la roue pour un temps d’inspiration, les 16s de rétention à poumons pleins ou à poumons vides correspondent aux 16 quartiers et pour les 8s d’expiration, compter par 8ème soit deux quartiers pour un temps d’expiration.
Tenir la posture
3mns pour commencer et augmenter progressivement la durée. Halâsana
peut être tenue jusqu’à une vingtaine de minutes, la difficulté sera
alors de maintenir l’immobilité absolue du corps et d’augmenter l’intériorisation
du souffle et de la concentration. Travaillée avec régularité et
patience, la charrue devient une posture agréable voire confortable.
Quitter la posture en déliant les doigts et en ramenant les paumes de mains au sol. Sur une inspiration lever les jambes jusqu’à la verticale pour les laisser redescendre lentement au sol sur une expiration, une fois les lombaires au tapis.
Effets
Sur le plan physique
Cette posture est particulièrement puissante et tonique pour la
colonne vertébrale .L’étirement des muscles, des vertèbres et
des disques intervertébraux favorise la circulation sanguine dans les
centres nerveux situés à proximité de la colonne ce qui en fait une
posture revitalisante et rajeunissante. La sangle abdominale est
renforcée et les viscères sont stimulés ce qui aura pour effets de
combattre la constipation, les problèmes d’embonpoint de la taille et d’améliorer
la digestion.
Halâsana agit également sur la glande thyroïde, par pression, et permet
ainsi la régulation de son fonctionnement et du système hormonal en
général.
Une meilleure irrigation cérébrale permet de lutter efficacement contre
les troubles de la sphère ORL (rhume, sinusite…).
Sur le plan énergétique
Vishuddha chakra est le centre d’énergie qui est particulièrement
concerné par la posture de la charrue. C’est un chakra où domine des
qualités purificatrices, par conséquent il est indispensable de se
concentrer sur ce centre pour qui souhaite se maintenir en bonne santé et
réguler au mieux ses pensées et ses émotions, les libérant ainsi de
leurs contenus pesants. En relation avec la faculté d’élocution d’une
part et le sens de l’ouïe d’autre part, ce chakra est le siège de la
maîtrise du verbe.
Apaisante et purifiante, la méditation sur ce centre donne accès à l’harmonie du corps, du souffle et du mental, ouvrant ainsi la porte à des états de conscience purs et lumineux. Au fil du temps la légèreté prendra le dessus sur les tendances d’inertie qui habite l’individu au quotidien…
Christine TOURET